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choit depuis si longtemps. Il se fit conduire par luy sur le revers des montagnes par des sentiers affreux, d’où il decouvrit les barricades à plein, qui, d’où il se trouvoit, lui etoient inferieures et très proches. Il examina bien tout ce qui etoit à remarquer, longea le plus qu’il put cette crête et ces precipices, descendit et tourna de très près la première barricade, forma son plan, l’expliqua à mon père, qui se trouva presque le seul homme de marque à sa suite, parce qu’on le vouloit laisser solitaire et s’ennuyer en ces penibles promenades ; revint enfin à son logis, resolu d’attaquer.

Le lendemain, ayant mandé de très bonne heure les marechaux et quelques officiers de confiance, il les mena partout où il avoit eté la veille, leur expliqua son plan, qu’il avoit redigé lui-même le soir precedent. Les marechaux et les autres officiers ne purent disconvenir que, quoique très difficile, l’attaque etoit praticable et savamment ordonnée. Le cardinal ne put ensuite s’y opposer seul, et fut même bien aise qu’elle se pût executer : ce qui fut le lendemain9, parce qu’il falloit un jour pour les dispositions et les ordres. Le roy y combattit en grand capitaine et en valeureux soldat ; grimpant, l’epée à la main, à la tête de tous, quelques grenadiers seulement devant luy, et franchissant les barricades à mesure qu’il y gagnoit du terrain ; se faisant pousser par derrière pour grimper sur les tonneaux et les autres obstacles, donnant cependant ordre à tout avec la plus grande presence


9. 9 mars 1629.