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Il a tant appris d’un tel maistre
Le mestier de fourbe et de traistre,
Qu’il est le premier favory
De ce ministre au cul poury.
Ses prodigieuses richesses
Le font brusler pour deux maistresses :
Par la gloire il est emporté,
Par les femmes il est dompté ;
Son esprit embrasse les vices,
540Son corps embrasse les delices
Qui corrompent le jugement
Par le brutal debordement ;
Il se flatte de l’esperance
De se voir duc et pair de France ;
Et, dans son desir violent,
Trouve que son bonheur est lent.
L’amour qu’Armand luy porte est telle,
Qu’elle esgale la parternelle38 ;
Et si son père n’estoit doux,
550Il en pourroit estre jaloux.
Sa femme apprend du bon stoïque
La naturelle polytique,
Et que, tout vice estant esgal,
L’adultère est un petit mal ;
Mais pour punir ceste coquette,
Il luy rend ce qu’elle luy preste.
Voilà les Jeannins, les Sullys,
Les Villeroys, les Sylleris,



38. Richelieu avoit, en effet, la plus grande affection pour Chavigny, et la plus entière confiance en son habileté. « Il prend, dit Tallemant (édit. in-12, t. II, p. 232), M. de Chavigny pour le plus grand génie du monde. »