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qui feront cent lieuës par jour14, chose qui ne se peut faire de pied ; il faut qu’il y aye de l’artifice du diable. De dire aussi qu’il n’y aye des nigromenciens qui vendent des bagues15 où sont des esprits familiers, l’une pour le jeu, l’autre pour l’amour, l’autre pour les armes, l’autre pour la dance et l’autre pour la fortune, on ne le peut revoquer en doute, car il s’en trouvera qui en usent encore, au mespris du nom chrestien ; mais sçachez et voyez la fin de ces gens-là, vous n’y trouverez et n’y verrez que misères, abandonnez d’un chacun, leur esprit familier changer de nom et d’effect. Si le malheureux homme l’a pris au dessein d’estre fortuné, la fin de ses jours seront les plus infortunez du monde ; s’il l’a pris pour les armes, son corps sera ulceré en mille endroits ; si pour l’amour, la verolle et les naudus luy pourriront les membres ; si pour la dance, il sera sur un fumier sans pouvoir se remuer ; si pour le jeu, les larmes et les soupirs luy couvriront la face ; enfin le diable recompense ces gens-là par un contraire.

Vous avez donc veu comme nos invisibles sont my-partis les uns de-çà et les autres de-la. Il nous faut voir le cours de leurs enseignemens et l’etablissement de leur college. Les six destinez pour


14. Sur ces coureurs basques, parmi lesquels les grands seigneurs choisissoient leurs laquais au 17e siècle, V. Francisque-Michel, Le Pays basque, p. 100–102. L’un des valets de Célimène, dans le Misanthrope, s’appelle Basque.

15. Sur les anneaux constellés, comme les appelle Molière dans L’Amour médecin, et sur quelques autres bagues magiques, V. Ch. Louandre, La Sorcellerie, 1853, in-18, p. 32–33.