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du mou pour vote chat. Pence-vous que je soyen icy pour vos biaux rieux ? Aga ! ce monsieu crotté, ce guièble de frelempié, ce pauvre poissart8, ce detarminé9 à la pierrette ! Y voudret bien porter des bottes à nos despans, ce biau monsieu de neige10


aux tripes. » (Œuvres de Bon. Des Periers, édit L. Lacour, I, 224.)

8. Ce mot étoit alors une injure, comme on voit. Il ne se prenoit pas encore pour marchand des halles, il étoit synonyme de vaurien, voleur. C’est d’ailleurs le sens qu’il avoit déjà du temps de Roger de Collerye (V. ses Œuvres, édit. Ch. d’Héricault, p. 272), et de Jacques du Bois (Jacobus Sylvius), qui, dans son Isagoge (1581, in-4, p. 4), dit positivement que poissard se disoit pour voleur (pro fure) ; à cause de cela, il le fait venir de picare, mot latin, dont les dérivés sont notre verbe picorer et le picaro espagnol. Les voleurs antiques se poissoient les mains, afin de saisir les pièces d’argent au simple toucher. (V. Martial, liv. VIII, épigr. 59.) C’est ce qui avoit fait donner au verbe picare (poisser) le sens que nous lui trouvons, et que le mot poissard perpétua si longtemps chez nous. (V. encore notre article sur ce mot dans l’Encyclopédie du XIXe siècle, t. XIX, p. 711.)

9. Cette façon de prononcer, en faisant sonner un a au lieu d’un e, étoit purement parisienne au 16e siècle : « Vela pourquoy vous voulez avoir un sarment », fait dire Henri Estienne à Philosaune ; à quoi Celtophile répond : « Pardonnez-moy, je ne pense ni à sarment, ni à vigne. — Philos. : J’ay dit sarment pour serment ; c’est un petit parisianisme de la place Maubart. » (Deux Dialogues du nouveau langage françois italianisé, p. 398.)

10. Ces mots : de neige, mis à la suite d’un autre, étoient une sorte de particule méprisante. Quand, dans le Dépit amoureux (acte IV, sc. 5), Gros-René rend à Marinette