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POLI.

La Maistresse.

Monsieur, il faudroit avoir leu les livres de bien dire pour vous respondre[1]. Je ne suis pas personne qui entende si bien le discours ; c’est une chose ou je ne m’estudie guieres.

L’Amant.

Ô Madame, vous n’estes pas en ceste resputation-là : vous avez le bruict d’estre la mieux disante de Chartres, et d’estre bien venuë en toutes sortes d’honnestes compagnies, où on vous affectionne grandement.

La Maistresse.

Ô Monsieur, ne m’attribuez point tant de louanges, car elles ne me sont point deuës pour tout.

L’Amant.

Madame, je ne vous en sçaurois tant attribuer qu’il vous en est deu ; vous n’avez que toutes belles perfections dont vous charmez tout le monde, car je croy que toutes les sept beautés sont en vous. Mon Dieu, que voila un beau visage ! Il m’est a voir que je serois assez content si vous me vouliez favoriser seulement d’un baiser.

  1. Il s’agit des livres dont nous avons parlé plus haut, note 2, et notamment des ouvrages de Nervèze. Une coquette des chansons de Gaultier-Garguille répond aux galanteries de son amant :

    Je cognois à vos beaux discours
    Que vous lisez Nervèze.

    (V. notre édit., p. 98, note.)