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vertu ne se fait bien paroistre que lors qu’il y a apparence qu’elle ne peut subsister, aussi ce non moins prudent que martial prince, voyant un tel monceau d’estrangers, delibère, à quelque pris que ce fut, restaurer la reputation et la vertu françoise et d’exterminer les espouvantaux d’ames tièdes et non françoises, leur passer sur le ventre, en engraisser et fumer les champs françois, et qu’ils publioient que c’estoit à luy qu’ils en vouloient, leur faire ressentir que sa generosité estoit trop heroïque pour souffrir le choc de ces ames venales ; alors, avoir veu quels ont esté ses exploits en la deffaicte qu’il fit à Villemory pres Montargis6, comme il fit


6. La défaite des reîtres à Vimory eut lieu, selon L’Estoile, le 29, et, selon P. Mathieu, en son Histoire des Troubles (livre II), le 27 octobre. Leur but étoit d’aller joindre au plus tôt le roi de Navarre au delà de la Loire ; Henri III le savoit, et, campé sur ce fleuve tantôt à Gien, à Sully, ou à Jargeau, il les attendoit au passage (Recueil A–Z, G, p. 227–241). Guise cependant, bien qu’il ne fût pas en force, les suivoit en queue et les harceloit « par une infinité d’algarades ». Un gros de leurs troupes étoit à Vimory, sur la route de Lorris. Comme il se trouvoit lui-même à Montargis, la distance n’étant que de deux lieues, il pouvoit aisément les surveiller. Il sut qu’ils faisoient mauvaise garde. Le sieur de Cluseau, entre autres, lui dit « qu’il les avoit reconnus estant sur le point de souper, au moyen de quoy seroit bon de leur aller porter le dessert ». Le duc trouva l’avis excellent, et on les surprit comme ils soupoient. M. de Mayenne fut d’un grand secours, par son courage et par les soixante cuirassiers qu’il lança dans la mêlée. Ce fut victoire gagnée, mais on l’exagéra beaucoup ici. Selon P. Mathieu, toute la perte des reîtres n’auroit été que de 500 hommes, 100 valets, 300 chevaux de