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Adieu aux Muses.

Sonnet.

Certes, il faut avoir l’esprit bien de travers
Pour suivre en ce temps-cy les Muses à la trace ;
Les gueuses qu’elles sont mettent à la besace
Ceux à qui leurs secrets ont esté descouverts.

Depuis que j’ay trouvé la fontaine des vers,
Le bien s’enfuit de moy, le malheur me pourchasse ;
Je n’ay pour aliment que les eaux de Parnasse,
Et n’ay pour tout couvert que des feuillages vers.

Ingrates deitez, cause de mon dommage,
Le temps et la raison me font devenir sage :
Je retire aujourd’huy mon espingle du jeu.

Je prefère à vos eaux un traict de malvoisie ;
Je mets, pour me chauffer, tous vos lauriers au feu,
Et me torche le cu de vostre poesie.

Remonstrance à un Poëte buveur d’eau.

Sonnet.

En vain, pauvre Tircis, tu te romps le cerveau
Pour parvenir au point des choses plus parfaictes :
Tu ne seras jamais au rang des bons poëtes,
Si, comme les oysons, tu ne bois que de l’eau.

Pren-moy, je t’en conjure, un trait du vin nouveau