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teurs vestuz à l’advantage, la naïveté dans les vers accommodez au subject ; vous eussiez veu les plus exquises peintures de Flandres, où presidoit Catin, noble fille de Guillot Gorju ; vous eussiez veu Guillaume le Gros9, dans une boutique d’orfèvre, apprester à rire à tout le monde, et dont vous ririez encore sans une fascheuse reflexion que l’on faisoit, voyant manger des dragées de Verdun à ceux quy estoient sur le théatre sans en manger, car il n’y avoit rien de si triste que de voir manger les autres et ne pas manger soy-mesme, et estre comme un Tantale dans les eaux.

Mais si vous avez perdu ceste occasion de rire, recompensez-vous-en par autre chose ; allez-y tout le long de ceste quinzaine, et vous n’y manquerez pas de rire, ou il faudra que vous ayez la bouche cousue. Vousy verrez le Clitophon10 de Monsieur Durier, autheur de l’Alcymedon11 ; ensuitte vous verrez le Rossyleon du mesme autheur12, pièce que tout le


9. Gros-Guillaume. V., sur tous ces farceurs, les notes de notre édition des Caquets de l’Accouchée, p. 281–282.

10. Clitophon, tragi-comédie en cinq actes de Du Ryer, fut jouée en 1632, mais ne fut jamais imprimée. M. de Soleinne en possédoit un manuscrit. (Catal. de sa biblioth., nº 1003.)

11. Alcimédon, tragi-comédie en cinq actes, en vers, jouée en 1634, imprimée en 1635, Paris, T. Quinet.

12. Les Aventures de Rosiléon, pastorale en cinq actes, en vers, imitée de l’Astrée, fut représentée en 1629. Elle n’est pas de Du Ryer, comme on le dit ici, mais de Pichou, le même dont on a deux tragi-comédies, les Folies de Cardénio (1633) et l’Infidèle confidente (1631), et la Filis de Scire, comédie pastorale en cinq actes, traduite de l’italien du comte