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Si j’ay admis iceluy personnage qu’on estime patissier, si j’ay parlé à luy, si je l’ay favorisé, je confesse que j’ay tousjours estimé, jusques à present, qu’il estoit dom Carles, prince d’Espaigne, lequel le roy son père avoit commandé (il y a desjà plusieurs années passées) estre faict mourir en prison, et luy-mesme m’a racompté comment il avoit esté sauvé et garanty de ce danger de mort : c’est à sçavoir que le roy son père avoit commandé à quatre seigneurs de sa court, ausquels il se fioit plus, qu’iceluy dom Carles fust faict mourir par quelque façon qu’ils adviseroient.

Iceux quatre seigneurs ayant ceste mortelle commission estoient le prince d’Ebuli8, nommé Roderic de Gomes de Silva, Portugais9, le comte de Chinchon et deux autres des noms desquels nous n’avons cognoissance. Touchant lequel affaire le prince d’Ebuli Silva remonstra aux trois autres qu’il ne falloit pas faire mourir ce prince pour la cholère du roy son père, laquelle se pourroit appaiser en brief temps, leur remonstrant pareillement que le roy n’avoit point d’autre fils, ny femme pour avoir des enfans qui succedassent à son royaume, estant ledit


le conseiller de Spinosa, tâche d’échapper au supplice en faisant des aveux complets ; mais il n’en est pas moins pendu avec son complice.

8. Ici, comme on le voit, nous sortons de l’histoire du véritable pâtissier de Madrigal, le faux D. Sébastien, pour entrer dans celle de D. Carlos. C’est du prince d’Eboli, qui, ainsi que la princesse sa femme, y jouèrent un si grand rôle, qu’il est ici question.

9. Il étoit seulement d’une famille portugaise.