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que le Gange, plus larges que le Pô et plus terribles que le Nil, foustre ; m’asseurant tirer telle raison de toy qu’il en sera parlé à la posterité, te redigeant avec tous les tiens en si petit volume, qu’un ciron les couvrira aisement de sa peau. Ce mien valet present porteur (quy seroit trop capable pour toy) te conduira où je t’attends avec deux espées et deux poignards, desquelz tu auras le choix, et si tu n’as ce combat pour agreable, un coup de petrinal8, foustres, en fera raison. Ne viens donc, et tu feras que sage, quoy attendant tu me tiendras toujours pour ton maistre.

« Philippe le Hardy. »

Il despesche aussy tost un courrier à pied quy arryve incontinent au chasteau de cest autre Roland, pour estre tous deux logez sous une mesme li-


l’emploie dans le sens de dédaigneux, fier (liv. 3, ch. 8). Régnier a dit aussi (satire 3, v. 51–58) :

Puis que peut-il servir aux mortels ici-bas,
Marquis, d’estre savant ou de ne l’estre pas,
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .
Pourveu qu’on soit morgant, qu’on bride sa moustache,
Qu’on frise ses cheveux, qu’on porte un grand pennache.

8. Sorte d’arme à feu qui tenoit de l’arquebuse et du pistolet. Son nom lui venoit, selon Fauchet, de ce que, pour s’en servir, on l’appuyoit sur la poitrine « à l’ancienne manière ». Suivant l’auteur de la Nef des fous, c’est aux bandouliers des Pyrénées qu’il faudroit en attribuer l’invention. Le petrinal étoit d’un fort calibre, et si lourd qu’on le portoit suspendu à un baudrier. L’espingole, qui commença d’être en usage dans les armées de Louis XIV, l’a remplacé.