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pour elle ; que le roi lui avoit répondu que cela n’étoit point en son pouvoir, mais qu’il lui donnoit la confiscation de son bien. Alors elle prit la parole et lui dit : Je suis bien aise que mon frère ait mes biens. Je crois qu’il en usera bien avec mes enfants, et j’aime mieux qu’il les ait que s’ils avoient à les partager entre eux, parcequ’ils ne le pourroient peut-être faire sans entrer en procès. Et quant à la grace qu’on avoit demandée, elle dit que le roi, étant le maître, la faisoit à qui il vouloit. Le gentilhomme lui fit voir après un mémoire d’affaires domestiques dont le marquis de Bray l’avoit chargé. Elle répondit à chaque article avec une grande netteté et une présence d’esprit admirable. À mesure qu’elle y répondoit, il écrivoit avec un crayon sur le dos du mémoire, et, ayant mis le tout au net sur le papier, il le fit voir et le fit signer au greffier, afin qu’il pût faire foi.

Cela fait, elle luy dit qu’elle desiroit trois ou quatre choses : la première, que son frère fît bien prier Dieu pour son âme ; qu’il se souvînt tendrement d’elle ; qu’on fît en sorte que son corps ne demeurât pas dans les rues ; qu’on payât à M. Mannevillette, receveur du clergé, trente pistoles qu’elle lui devoit, dont il n’avoit pas d’écrit, et qu’elle prioit qu’on donnât à la demoiselle qui la servoit dans la prison non seulement les hardes qu’elle avoit sur elle, mais encore tout ce qui s’en trouveroit dans la maison.

Ce discours fini, elle se tourna vers M. le Mazier, et lui dit que, ne voulant rien garder sur sa conscience, elle avouoit que, dans le mois de mai der-