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annoncer et declarer les mauvaises conjectures et suspicions qu’ils avoient dudict patissier, et comment ils estimoient qu’il avoit volé quelque part de grandes richesses, dont il estoit encores saisi. Et quelque peu de temps après qu’iceux serviteurs eurent ainsi accusé leur maistre, il advint qu’il alla à Medine, et y arresta quelque peu de temps pour faire reffaire et enrichir une paire de lunettes de christal, lesquelles luy avoient esté baillées par la susdicte donna Anne d’Autriche à ceste fin et pour les causes cy-dessus declarées5. Il estoit suspect d’estre voleur, joinct aussi qu’on luy avoit veu à son col, en une hostellerie de Medine, une riche chaîne d’or cachée, laquelle estoit garnie de fort belles perles. Par quoy les conjectures susdictes, avec l’accusation qu’en avoient faict ses serviteurs qui l’avoient volé, furent cause qu’il fut encores plus recommandé, en qualité de voleur, au juge de ladicte ville de Medine, lequel le feist chercher en toute diligence, et, l’ayant rencontré, il l’interroge par parolles douces ; et, iceluy ne voulant pas respondre, le juge l’interroge avec menaces, en luy commandant de dire qui il estoit et de quel estat il se mesloit, dont iceluy juge ne peut oncques tirer autre responce sinon qu’il estoit le patissier de Madrigal ; et quant aux joyaux qu’il portoit, il dist qu’ils estoient à donna Anne d’Autriche, fille


5. Dans l’histoire, c’est aussi pour des bijoux que lui avoit donnés D. Anna, puis pour d’autres qu’elle lui avoit dit d’aller vendre à Valladolid, que le pâtissier fut inquiété, puis arrêté par les ordres du prévôt de cette dernière ville.