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————-Où la saincte neufvaine

Aura pour nostre enfer un heureux paradis.

Que les hommes sont froids ! qu’ils ont peu de vouloir !
Ha ! que leur amitié se fait bien peu valoir
————-Au climat où nous sommes !
Les bois et les rochers ont plus de sentiment
————-Aujourd’huy que les hommes :
La chose qui leur touche est leur seul element.

Ceux qui vers l’Amerique ont la zone sur eux
Ont plus d’humanité dix mille fois, et ceux
————-Que l’amant d’Orithie
Fait marcher dessus l’onde avecques leurs maisons,
————-Ès plaines de Scythie,
Où l’hiver a tousjours l’empire des saisons.

L’un ne veut dire un mot quand il en est prié ;
L’autre en vous obligeant veut estre apparié2
————-D’un homme de creance ;
L’autre met en privé la gloire sur les rangs,
————-Mais il est au silence,
Et prest à s’en desdire estant devant les grands.

L’un dessus la montée en bas vous cherira,
Qui dans la chambre en haut ne vous regardera ;
————-L’autre avec du langage
Vous dira, le priant, qu’obeissant à Mars
————-On parle d’un voyage,
Et que l’heure n’est propre à maintenir les arts.



2. Accouplé, doublé. Dans ce sens, on avoit le substantif appariation. V. Montaigne, liv. 2, ch. 12.