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flamboyoit ainsi comme si la pierre eust esté du souffre ; toutes les boutiques des marchands, tant de l’entrée que dans la salle, ont esté toutes bruslées et consommées, si bien que la perte faicte par ce feu est cause de la ruyne de beaucoup de pauvres marchands, lesquels avoient tous leurs moyens dans leur boutique5.

Alors ce feu se jetta dans le derrière du costé de la rivière, et commença à gaigner la prison de la conciergerie6, et montra sa force, evidemment à


M. Le Roux de Lincy, 1855, in-8, p. 53. — Quant aux statues des rois, cet incendie, dont elles eurent tant à souffrir, fut pour Peiresc l’occasion de faire, à propos de l’une d’elles, une singulière découverte. « Peiresc, dit Requier, son biographe, accourut au fort de la nuit à ce triste spectacle avec Jacques Gillot, membre distingué du Parlement. Il y mena ensuite successivement presque tout ce qu’il y avoit de sçavant dans la capitale, pour voir celles des statues de nos rois dont il restoit quelque chose, les autres ayant été réduites en cendres. Aucun de ces savants ne pouvant dire de qui étoit la statue qu’on avoit vue avant l’incendie avec le visage mutilé, Peiresc prouva, par une niche qui restoit, que c’étoit celle de Henri d’Angleterre, que Charles VII s’étoit contenté de mutiler sans la faire abattre, parcequ’il destinoit une place à la sienne autre que celle que l’usurpateur avoit occupée. » Vie de Nicolas-Claude Peiresc, Paris, 1770, in-8, p. 171.

5. « Quant aux marchands accourus pour sauver leurs biens…, ils veirent leurs moyens consumez sans y pouvoir donner secours ; il y eut quelques marchandises sauvées au quatrième pillier, mais peu… » Mercure françois, id., p. 19.

6. « Sur les cinq heures un quart, le feu prend à une tourelle près la Conciergerie… Il s’éleva une clameur pitoya-