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Rapport fait à la Faculté de Médecine de Paris,

ment : on a lieu de leur ſoupçonner une viſcoſité qui les laiſſe difficilement traverſer leurs couloirs. II eſt donc très-important de corriger cette viſcoſité, par des alimens qui ſe digèrent aiſément, ou du moins, de ne la point augmenter par des épaiſſiſſans d'une conſiſtance trop forte, 6í qui ne pourraient être briſés que par une action pénible des viſcères.

L'auteur de la Lettre confond encore les idées de Mr. Tyſſot, lorſqu'il avance que cet Auteur a placé les Pommes de terre dans la claſſe des aliments gras & viſqueux ; il ſuffit qu'elles donnent un ſuc viſqueux, capable d'épaiſſir les humeurs, pour que Mr. Tyſſot les défende aux perſonnes obſtruées, ainſi que les. aliments gras qui leur ſont également nuiſibles.

Le ſecond Ouvrage où les motifs des ſoupçons ſur l’uſage des Pommes de terre, ont été puiſés, eſt le Guide du Fermier : cet Ouvrage auſſi eſtimé qu'il eſt eſtimable par les vues nombreuſes & de la plus grande utilité dont il eſt rempli, eſt partagé par Lettres qui contiennent des inſtructions eſſentielles ſur la manière d'élever, de nourrir les différents beſtiaux d'une baſſe-cour, & d'en tirer le plus grand profit. L'Auteur, perſuadé de l’avantage immenſe que les gens de la Campagne peuvent ſe procurer, en cultivant les Pommes de terre, a jugé à propos de terminer ſon Livre par une Lettre très-étendue ſur ce sujet, quoiqu'elle parût s'écarter de celui qu'il s'étoit propoſé de traiter.

Il faudrait, Meſſieurs, vous tranſcrire ici toute la Lettre, pour vous donner une idée de la manière dont l’Auteur penſe sur la bonté de l’aliment que rourniſſent les Pommes de terre ; il y répète preſque à chaque page, qu'il eſt difficile de ſe procures une nourriture plus ſaine, plus abondante & à moins de frais ; il aſſure « que de telle manière qu'on les mange, elles ſont un aliment plus ſain, plus ſalutaire, plus ſalubre, plus nourriſſant, d'une digeſtion plus facile que le Pain groſſier que mangent ordinairement les gens de la Campagne : » ce ſont ſes termes, pag. 101 & 102 ; & aux pages 197 & 198, il avoit déjà dit « que ſeules, elles produiſoient du Pain qui n'a d'autre défaut que