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Raport faìt à la Faculté de Médecine de Paris,

noître combien il eſt avantageux de cultiver une plante d'une utilité ſi étendue.

Ces éloges ne ſont pas ſeulement dans les ouvrages de ceux qui ont écrit sur l’uſage & la culture des Pommes de terre : ſi l’on interroge les Habitans de différentes Provinces où ces racines ſont abondantes, il n'en eſt point qui n'en parle comme, d'un aliment aussi utile qu'agréable. Tout le monde ſait avec quel plaiſir & quelle avidité les enfans en mangent pour ainsi dire ſans apprêt ; & ce goût, lorsqu'ils l’ont une fois contracté, subſiſte juſque dans l’âge avancé, quoique l’on voie preſque tous, les autres ſe perdre avec le temps.

Tant d'éloges donnés unanimement aux Pommes de terre,, & même prodigués par tous les Écrivains : les champs immenſes, dans preſque tous les Pays de l’Europe, couverts de cette plante ; l’expérience que fournit cette multitude d'hommes qui en font un uſage journalier, auraient dû mettre ces racines à l’abri d'être ſoupçonnées de pouvoir jamais être nuiſibles : cependant un Auteur anonyme expoſe dans une Lettre qu'il adreſſe aux Médecins, & qu'il a fait inſérer dans la cinquième des Feuilles hebdomadaires qui s'impriment à Rouen, & qui eſt datée du premier Février 1771, qu'il a lieu de douter que cet aliment si préconiſé, ſoit auſſi ſalutaire qu'on veut le faire croire : les raiſons qu'il rapporte, ont paru avec juſtice à Mr. le Contrôleur Général, mériter que vous fuſſiez conſultés, Meſſieurs, pour ſavoir ſi les doutes de cet Auteur ſont fondés, & s'il y a en effet quelque danger à craindre pour ceux qui font uſage des Pommes de terre.

Chargés de vous donner les éclairciſſemens néceſſaires pour répondre à Mr. le Contrôleur Général, nous avons aiſément reconnu que cette réponſe exigerait un travail & des recherches beaucoup plus étendues que celles que nous avons faites : mais le temps qu'elles nous auraient pris, aurait trop retardé la réponſe que vous lui devez ; nous avons donc penſé qu'il ſuffirait de ſatiſfaire plus ſuccinctement à ſes demandes, en lui offrant néanmoins d'examiner par la ſuite, & de diſcuter avec plus de ſoin ? la queſtion, s'il le jugeoit à propos,