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Mémoire ſur les Pommes de terre

Octobre & Novembre, & que ce n'eſt qu'alors que l’on ſeme le Froment. La terre déjà bien diſpoſée par leur récolte, n'exigera qu'un labour.

Un Cultivateur peut donc compter que les Pommes de terre ne lui coûteront preſque rien, & qu'il épargnera la moitié ou le tiers ſur le prix du Pain qui en ſera composé.

Tant d'avantages reconnus, doivent faire eſpérer que la culture des Pommes de terre ſi précieuſe à tous les Peuples qui la ſuivent, ne ſera plus négligée dans pluſieurs Provinces de France, & ſur-tout en Normandie, où cette plante est preſque ignorée ou mépriſée par préjugé.

On pourra adopter, ſelon la nature du ſol, la méthode Allemande ou l’Anglaiſe. Je penſe que dans les terres légères, ou qui auraient peu de fond, la première doit être préférée; ou ſi l’on ſuivoit la derniere., au lieu de creuſer les tranchées d'un pied, on en réduirait la profondeur à ſept ou huit pouces ; mais alors on ne pourrait ſe diſpenser de rechauſſer au moins une fois.

Les Obſervations que j'ai rapportées ſur la culture & l’uſage des Pommes de terre, étoient déjà connues, Je n'ai d'autre mérite que d'en avoir raſſemblé les détails, pour les indiquer à mes Compatriotes : mais la manière d'en faire du Pain, telle que je l'ai exposée, n'avoit point encore été pratiquée. Les divers Eſſais que j'en ai préſentés à la Société, ont eu ſon approbation, & 1’uſage que j'en ai fait, m'a convaincu de ſes bonnes qualités.

On ſe feroit illusion, ſi l’on craignoit que cette reſſource, ſi utile aux Pauvres, pût avilir le prix du Bled.

Toutes les Provinces de France ne sont pas, à beaucoup près, également riches en cette production de première néceſſité. On ſçait que c'eſt par la voie des Marchés, qu'elle ſe trouve pouſſée & tranſportée ſucceſſivement, & enfin répandue dans tout le Royaume, à raiſon de la quantité des beſoins des Habitans de chaque lieu.