Page:Varenne de Beost - La cuisine des pauvres, 1772.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée
42
Mémoire ſur les Pommes de terre

pied de profondeur, d'un lit de fumier de trois pouces d'épaiſſeur, c'eſt ſur ce lit que l’on plante les Pommes de terre, avec un piquet qui facilite & accélère ſingulièrement l’opération.

Ce piquet ou plantoir, eſt un morceau de bois rond, de trois pieds & demi de longueur, droit comme le manche d'une bêche, mais inégal dans ſon étendue. La partie d'en-bas, renforcée & taillée en pointe, eſt armée & couverte d'un fer de la forme d'un cône tronqué & renverſé, dont la baſe a trois pouces de diamètre ; celui de la partie tronquée n'a que quinze à ſeize lignes ſeulement. Ce fer doit avoir dans toute la longueur, neuf pouces} immédiatement au-deſſus, eſt une forte cheville quarrée, fermement attachée, à angle droit, au manche, au moyen d'une mortaiſe, & dans la même direction que la piece qui eſt en croix ou double poignée à l’extrêmité de ce manche.

Un homme tenant de chaque main chaque partie de la poignée de ce plantoir, & appuyant du pied droit ſur la cheville, fait des trous ſans être obligé de ſe courber, & avec la plus grande célérité.

Cet homme eſt suivi d'un autre qui jette les Pommes de terre dans les trous qu'on remplit avec le râteau ou tout autre inſtrument.

Non-seulement cette cheville ſert à enfoncer le piquet avec le pied, mais encore à régler à neuf pouces la profondeur des trous, ce qui met la Pomme de terre ſur la ſuperficie du fumier. Ces trous ſe font sur la même ligne, de neuf pouces en neuf pouces, & on laiſſe dix-huit pouces de diſtance entre chaque ligne ou rangée.

Cette méthode n'exige aucuns labours ni avant ni après : on ne rechauſſe point, & il n'eſt besoin que de purger le champ des mauvaiſes herbes, ſoit en ſarclant, ſoit en ſerfouiſſant ; mais l’opération qui précède la plantation telle que je viens de la détailler, est longue, & celle de la récolte est auſſi plus difficile, attendu