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Méthode ſure pour faire du Pain

d’une manivelle. Au ſommet de la Machine, eſt une trémie, d’où les Pommes de terre qu’on y a miſes, s’échappant & paſſant entre les cylindres de ce Moulin, ſont bien-tôt réduites en pâte. L’inſpection de la figure, en indique aiſément tout le jeu & la méchanique.

De la proviſion & préparation des Pommes de terre en ſec.

La maniere la plus avantageuſe & la plus commode de faire ſa proviſion de Pommes de terre ſeches pour l’Été, & ſuppléer en cas de beſoin, aux Pommes fraîches juſqu’à la prochaine récolte, eſt d’en paſſer par le Moulin, chaque fois que l’on fait du Pain, une plus grande quantité que celle que l’on a deſſein de pétrir ſur le champ.

Le ſurplus de matière ſera mis ſur un Poële, obſervant de ne l’y pas étendre par couches trop épaiſſes ; & lorſqu’elle ſera parfaitement ſeche, on la mettra en réſerve, & on la conſervera avec les mêmes précautions que l’on prend pour conſerver des fruits ſecs.

Cette préparation, comme on voit, n’exige d’autre bois que celui que l’on conſomme naturellement pour le chauffer.

On sèche aiſément cinq, & même juſqu’à dix livres de pulpe de Pommes de terre fur un Poële ;[1]mais on doit avoir ſoin de n’en préparer que ce qu’il eſt poſſible de ſécher tout de ſuite ; car les Pommes de terre paſſées par la Machine, ne ſe conſervent que vingt-quatre heures au plus, ſans ſe gâter.

  1. L’uſage des poëles n’étant point auſſi général, à beaucoup près, en France, qu’en Suiſſe, on pourroie y ſuppléer ſans doute, par des étuves, ou bien en mettant ſécher la pulpe de Pommes de terre au Four, après que le Pain eſt tiré, ou en le chauffant légerement tout exprès.