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Avis contenant la manière de ſe nourrir bien

ſi l’on veut, à donner quelques petits ſecours aux plus Pauvres de la Paroiſſe.

11°. Nos Gens de la Campagne, ſont à portée de planter & cultiver les Racines & Légumes qui entrent dans la nourriture propoſée ; il y en a déjà même actuellement une grande quantité dans le Pays. Le Riz est le ſeul Ingrédient pour l’achat duquel il faille débourser de l’argent ; mais nous croyons qu’à tout prendre, il y auroit moyen de s’en paſſer ; rien n’empêcherait peut-être, de lui ſubſtituer de l’Orge ou de l’Avoine brisée : qui ſait même ſi les Pois ou les Fèves moulues, ne rendraient pas à-peu-près le même ſervice que le Riz ? En tout cas, nous ſommes aſſurés que ces Graines produiraient toujours une bonne & ſavoureuse nourriture.

12°. Il a plu à nos très-gracieux seigneurs, pour faire ceſſer les plaintes dictées par la miſère & la diſette, d’accorder à tout Habitant pauvre de la Campagne, & qui n’ayant aucune propriété, n’est pas même sujet aux charges publiques, un arpent ou environ, de terre, ſuivant ſes beſoins, dans les pâturages communs de ſon Village.

Par cet inſigne bienfait, il n’y a plus aucun Habitant qui ne ſoit aſſuré de ſa ſubſiſtance, dès qu’il voudra travailler à mettre en valeur l’héritage qui lui est accordé. Il y plantera des Pommes de terre, des Légumes, des Pommiers, des Poiriers, en un mot, tout ce qu’il croira lui convenir le mieux ; mais dès cet inſtant, il lui est interdit de demander l’aumône autre part que dans ſon Village.

Cependant pour achever de diſſiper tout prétexte de pareſſe ou d’impuiſſace à labourer & cultiver ce terrein, faute de fonds néceſſaires, on pourrait ajouter à cette première grâce, celle de payer à chacun de ces nouveaux Propriétaires, pendant la première année de leur jouiſſance, autant de fois, ſept à huit ſols, qu’il emploiroit de jours entiers à labourer ſon champ. On prendrait cette ſomme sur les fonds de l’Egliſe, deſtinés à l’entretien