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& à bon marché, malgré la cherté des Vivres.

quatorze bouteilles d’eau dans une marmite : prenez-en plein une cuillère à pot, & la verſez toute bouillante sur votre Riz, pour l’abreuver & le nétoyer. Cette première eau chargée d’impuretés, étant rejettée, recommencez encore une fois la même opération, avec pareille quantité d’eau bouillante ; après quoi lavez exactement le Riz dans l’eau froide, & étant égoûté, placez-le dans une marmite fermée de ſon couvercle, où vous le laiſſerez mitonner tout doucement au coin du feu, pendant la nuit.

2°. Le lendemain on mettra les Pommes de terre dans une autre marmite, (avec de l’eau chaude ;) on les remuera bien pour en détacher toute la terre, & l’enlever à force d’y verſer de l’eau froide, jusqu’à ce qu’elle en ſorte claire & nette  : la marmite ayant été enſuite bien rincée, & les Pommes y étant miſes de rechef, avec de nouvelle eau en quantité suffiſante, pour qu’elles en ſoient entièrement recouvertes, on les fera cuire. Lorsqu’elles le ſeront ſuffiſamment, on retirera du feu, la marmite qui les contient, dont on verſera l’eau ; puis on mettra à part les Pommes de terre dans un vaſe de bois ou d’autre matière, pour les réduire en pâte. Le moyen d’y parvenir promptement, eſt de manier & pétrir ces racines tandis qu’elles ſont encore chaudes ; car ſi la peau avoit eu le tems de ſe deſſécher, elle ne ſe ſépareroit plus ; il faudroit alors les peler. Cela fait, on filtre cette pulpe à travers une paſſoire à purée, & l’on y ajoute peu-à-peu, deux à trois bouteilles d’eau tiède, pour la réduire en conſiſtance de bouillie.[1]

3°. Ayant coupé les raves en morceaux, on les fait bouillir pendant une heure & demie, ſuivant le besſoin ; on les remue pour les écacher & en faire une pâte un peu plus épaiſſe : s’il reſte du jus, on le rejette, étant de mauvais goût.

  1. Comme cette opération eſt un peu longue, on peut l’abréger en faisant uſage de l’une des Machines que le Traducteur a fait graver, & qui ſe trouvent jointes au Mémoire suivant.