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Juste Herbos peinait ferme et ne se plaignait point, on en abusa. Sa place au foyer devint de plus en plus étroite ; on trouva la mansarde qu’il occupait trop bonne pour un mendiant ramassé dans la rue par charité, et, un hiver que des histoires de voleurs couraient la ville, on le fit coucher dans le magasin, sous le comptoir. Ce fut tout de suite un pli pris : on mit son ancienne chambre à louer, et, tacitement, il fut entendu qu’il s’arrangerait de ce camp-volant. À table, on le servait après tout le monde ; les friandises, les primeurs, les plats soignés dont il y avait peu lui passaient généralement devant le nez sans qu’il se permît d’en prendre ; s’il venait des visites, il savait être agréable en se retirant aussitôt, et les petits que, selon un désir de leur mère, aisément compris, il appelait cérémonieusement monsieur et mademoiselle, lui disaient Juste, tout court, tout bref, comme à un domestique.

III

Depuis des années il était là, plus étranger que le soir de son arrivée, plus mal à l’aise et plus pitoyable, gardant, sous ses défroques d’em-