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Ce n’était pas assez d’avoir eu cet ennui
De monter l’escalier toujours si dur d’autrui,
Rampe sombre où le pied à chaque pas trébuche,
Ni d’avoir, toi que l’art nourrissait de son miel,
Vu ton vin le plus pur se transformer en fiel,
Ton sentier le plus vert recéler quelque embûche ;
 
Ni d’avoir, ô poëte armé de ta vertu,
Combattu sans relâche et toujours combattu,
Ni d’avoir, — lutte ardente ! —
Étouffé, comme Hercule, en tes bras les serpents,
Les hydres, les lions, mille monstres rampants,
Ô mon poëte, ô Dante !

Après les sangliers, les tigres et les loups,
Voici, voici venir les insectes jaloux,
Le puceron hideux, le cloporte difforme,
Et le taret sournois, ce nocturne ouvrier,
Vermine qui s’installe au flanc de ton laurier,
Lèpre qui sur le beau met sa laideur sans forme.

Sans doute, ce n’est point pour ceux-là que tes mains
De ton enfer profond creusèrent les chemins
Et les routes funèbres,