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Du sort où Dieu l’a mis quel homme est satisfait ?
Qui n’a sa chimère obstinée ?
L’un est toujours sapin, l’autre est toujours palmier,
Et nul, du serf au roi, du dernier au premier,
N’est content de sa destinée.

On aspire toujours à ce que l’on n’a pas,
Voyageur inquiet qui poursuit pas à pas
Son mirage de grève en grève ;
Et, l’esprit dans les champs de l’idéal lancé,
On a sans cesse un pied dans l’inconnu posé,
Une aile ouverte dans un rêve.

Heureux qui se bâtit son ciel dans sa raison
Et se fait de son cœur un charmant horizon,
Une retraite bien-aimée,
Sans effeuiller sa vie au vent des passions,
Sans chercher les grandeurs, vaines illusions,
Ni la gloire, vaine fumée !

Heureux qui sait borner ses vœux à son destin
Et qui ne prête point l’oreille au bruit lointain
De la foule, forêt des hommes !
Tout arbre a son climat, tout climat, ses beautés.