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Va délier le sort et tout le monde humain.
Va déchirer tes pieds aux ronces du chemin,
Sans craindre d’y laisser place pour une entaille.

Plus le péril est grand, plus le triomphe est beau.
Marche à tes ennemis sans en compter le nombre.
Les pièges en plein jour, les embûches dans l’ombre,
Traverse tout, et va, fût-ce même au tombeau.

Va, lutte corps à corps avec la destinée.
Au risque d’y laisser la moitié de ton cœur,
Il faut de ce combat sortir mort ou vainqueur.
C’est une gloire encor qu’une mort couronnée.

Et si tu sens parfois, saignant de tous côtés,
Défaillir le courage en ton âme inquiète,
Regarde l’avenir, l’avenir, ô poëte,
Ou lève vers les cieux tes bras ensanglantés.

Car Béatrix est là, cette femme choisie.
Forme sainte sur qui ton esprit a jeté
Ce voile rayonnant de grâce et de beauté,
Le manteau d’or que lui tissa ta poésie.