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Leur sang chevaleresque est tari dans vos veines,
Et le buisson a pris la place des grands chênes.
Les chênes c’étaient eux ; vous êtes le buisson.
De quel droit portez-vous encor leur écusson ?
Vous avez lâchement diminué leur race,
Et ce n’est plus leur cœur qui bat sous leur cuirasse.
Ils avaient deux vertus, soldats la loyauté,
Chrétiens le culte saint de l’hospitalité,
Et gardaient, sans fausser ces lois graves et hautes,
L’une à leurs ennemis, sire, et l’autre à leurs hôtes ;
Tandis que vous chassez, querelleur sans raison,
L’une de votre cœur, — l’autre de ta maison.
Hacco, l’enfer a mis sur toi ses mains funèbres ;
Et moi, dont les regards sont voilés de ténèbres,
Je bénis le Seigneur et tous les saints d’avoir
Mis la nuit dans mes yeux pour ne plus te revoir.
Va, poursuis dans le mal ta route peu chrétienne.
Je détache ma vie à jamais de la tienne,
Et, libre, je reprends ma liberté, n’ayant
À l’avenir plus rien à dire à ton néant
Si ce n’est, ô vieillard déjà mûr pour la tombe,
Ceci : « Songe au sépulcre où toute chose tombe ;
« Car tout homme, à travers la nuit ou la clarté,
« Arrive quelque jour devant l’éternité ! »