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« Du moins si nous avions des lèvres pour baiser,
« Des mains pour recueillir, hélas ! ces saintes gouttes,
« Un cœur où nous pussions, mon Dieu, les déposer
« Et les conserver toutes !

« Mais elles vont le long de nos tiges glissant
« Que la brise de nuit froisse l’une sur l’autre,
« Et la terre les boit sans savoir que ce sang,
« Ô Seigneur, est le vôtre ! » —

Alors le bon Jésus, touché de leur pitié,
Regarde avec amour les douces suppliantes
Qui de son deuil divin demandent la moitié,
Tristes, mais souriantes.

— « En souvenir de moi, leur dit-il, désormais
« Du sang du Fils de l’Homme, oh ! conservez la trace ;
« Sur vos feuilles qu’il reste empreint à tout jamais,
« Et que rien ne l’efface.

« Que chacune de vous, fleurs que bénit ma main,
« Autour de son calice ajuste un diadème
« Fait d’épine et pareil à celui que demain
« Je porterai moi-même. » —