Page:Van Hasselt - Nouvelles Poésies, 1857.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et comme le torrent des haines populaires
Rugit et fait aux pieds des trônes séculaires
Tourbillonner le flot des révolutions !
 
Que d’abîmes ouverts sur la route où Dieu même
Vers son but inconnu la caravane humaine !
Que d’éclairs allumés dans l’ombre des cités,
Et de sang répandu dans ces lices impies
Où luttent jour et nuit les vieilles utopies,
Les jeunes vérités !

Cependant ni canons tout gorgés de tonnerres
Qui grondent sous les murs des palais centenaires,
Ni clameurs dont l’écho sort du peuple ameuté,
Ni tocsins furieux dont les voix enrouées
Du cri des factions ébranlent les nuées,
N’ont troublé ton repos ni ta sérénité.

À tes pieds ont passé foudres et vents d’orage,
Et les événements où Dieu fait son ouvrage
À peine ont jusqu’à toi fait monter leurs rumeurs.
C’est que ta charte sainte, ô ma sainte patrie,
Est le fruit mûr, non pas de quelque théorie,
Mais de tes vieilles mœurs.