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— « Hé ! fit l’un d’une voix pincée,
« Mon cher confrère, dites-moi,
« Pourquoi toujours ainsi, pourquoi
« Tenez-vous la tête baissée ?

« Ô modestie, orgueil des sots !
« Voyez comme j’ai belle mine.
« Sur tous les épis je domine
« Ainsi qu’un roi sur ses vassaux.

« Ce champ si vaste est mon empire.
« L’été me verse ses chaleurs,
« Et la brise à toutes les fleurs
« Prend les doux parfums que j’aspire.

« Tandis que, le front dans les cieux,
« Je me prélasse dans ma prose,
« Comme vous avez l’air morose,
« Épi rêveur et soucieux ! »

— « Oh ! cela se comprend, » dit l’autre
Peut-être un peu grossièrement.
« Ma tête est pleine de froment,
« Et pas un seul grain dans la vôtre. »