Page:Van Hasselt - Les Quatre Incarnations du Christ, 1867.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ayant tous soif de sang et faim de chair, ils tendent
À travers les barreaux leur mufle aux cris stridents
Et les grattent avec leurs griffes et leurs dents.
EtMais le sang et la chair descendent dans l’arène :
Trois chrétiens, un vieillard, une vierge sereine,
Puis un jeune homme fort et calme, tous portant
Au front une auréole invisible et chantant :

« Devant vous, Seigneur, nous courbons nos têtes
« Devant« Et nos cœurs aussi.
« Notre espoir au ciel, ô Seigneur, vous êtes
« Devant« Notre force ici. »

Et le peuple en fureur, que l’instinct du sang pousse,
Vers les trois condamnés hurle en levant le pouce,
Tandis que l’empereur sur son trône sourit.
Mais l’hymne continue au nom de Jésus-Christ.

« Des païens obscurs nul de nous n’envie
« Devant« Les destins heureux.
« Car la mort, Seigneur, c’est pour nous la vie,
« Devant« C’est la mort pour eux. »

Les sénateurs muets trépignent dans leurs stalles,
Et l’on voit s’empourprer le front blanc des vestales ;
Mais le chant des martyrs, bestiaires de Dieu,
Continue à monter vers le ciel large et bleu.