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une nourriture savoureuse ; « Vénérables, dirent-ils, où vont vos nobles personnes ? — Laïcs, là où il y aura pour nous une agréable résidence. — Ainsi voilà : ces savants désirent un séjour pour y demeurer, » pensèrent-ils et ils dirent :

« Vénérable, si ces nobles personnes demeuraient ici pendant trois mois, nous réfugiés dans le triple refuge, nous prendrons de bonnes habitudes de vertu. »

Les autres se dirent : « Grâce à ces gens-là, nous allons faire notre salut. » Donc, ils acceptèrent la proposition, surveillèrent la construction du monastère : on leur fit des locaux pour se tenir pendant le jour, d’autres pour se reposer pendant la nuit qu’on leur donna, et régulièrement ils allaient mendier au village.

Un jour, un médecin vint vers eux et leur dit : « Maîtres, là où habitent beaucoup de personnes ensemble, il se peut qu’une maladie survienne ; si cela arrive, dites-le moi, et je vous donnerai un remède. »

Telle est l’offre qu’il fit.

Le jour où commençait la saison des pluies, le thera dit : « Longue vie à vous, en quelles postures allons-nous passer ces trois mois ? — Dans les quatre postures (debout, en marche, assis, couché). — Longue vie à vous, qu’est-ce qui est convenable pour nous ? Ne devons-nous pas être sans nous laisser distraire ? c’est le Buddha qui nous a instruits ; on ne se concilie pas les Buddhas par la fourberie, mais par des dispositions vertueuses. Il y a quatre mauvaises destinées pour le distrait qui sont comme sa demeure ; donc ne soyez pas distraits. Longue vie à vous ! — Et vous, ô vénérable ! — Moi, je passerai mon temps en trois postures et je ne me souviendrai plus du monde, longue vie à vous ! — Bien, maître. Ne soyez pas distrait. »

Comme le thera ne s’accordait pas de sommeil, une fois que le premier mois fut écoulé il lui vint une maladie des yeux et comme il tombe des gouttes d’eau d’un pot fendu ainsi il en tombait de ses yeux. Toute la nuit il accomplit les devoirs du Samaṇa ; à l’heure de l’aurore, étant entré dans sa cellule il s’assit. Les bikkhus, comme l’heure d’aller quérir l’aumône était venue, allèrent vers le thera et dirent : « Voici que l’heure d’aller quérir