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LES ANGLAIS ET L’INDE.

che à l’aide d’avances faites par des maisons de Calcutta, partners de l’entreprise. Ces dernières fournissent les capitaux, souvent considérables : pour quelques factoreries, il ne s’agit pas moins d’un lac de roupies, moyennant un intérêt de 12 pour 100, plus une certaine commission sur les avances et le produit de la récolte, si bien que, parmi les frais de la factorerie à déduire des bénéfices, il faut compter une prime d’environ 20 pour 100 sur les avances nécessaires à l’exploitation.

Il faut encore, parmi les chances contraires de l’industrie de l’indigo, faire entrer les brusques mouvements de hausse et de baisse qui se produisent dans la valeur des factoreries. La loi qui défend aux Européens de posséder dans l’Inde des propriétés foncières et le partage des terres fait par lord Cornwallis, à la fin du dernier siècle, ont beaucoup contribué à entretenir cet état de fluctuation. En achetant à beaux deniers comptants une factorerie, l’Européen n’achète en effet, outre les bâtiments de logement ou de l’usine, que la bonne volonté des ryots environnants, accoutumés, depuis nombre d’années, à semer l’indigo sur des terrains plus ou moins favorables. Dans cette position pleine d’incertitude, en présence d’un zemindar jaloux du nouveau venu étranger, et habitué d’ailleurs à soutenir par la violence ses droits et ses prétentions ; au milieu d’une population de ryots pleine de mauvaise foi, habile à toutes les ruses de la chicane, sans rivale heureusement au monde dans l’art du faux et du parjure ; avec des questions sans cesse renaissantes de limites mal définies, les changements