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EXPORTATIONS ET IMPORTATIONS.

la plus chanceuse, la plus fertile en mécomptes de toute sorte.

La récolte, qualité et quantité, dépend exclusivement du caprice des éléments : quelques heures d’un vivifiant soleil, une pluie opportune, inondations ou coups de vent suffisent pour couronner ou pour détruire les plus légitimes espérances. Ainsi la production de plantations limitrophes offre souvent les plus singuliers contrastes. Ici tout a souri au planteur : son fin violet, acheté pour l’industrie française, atteindra le prix le plus élevé à l’encan de la saison ; tandis que l’indigo lourd et cuivré de son voisin, en petite quantité d’ailleurs, propre seulement pour les marchés du golfe Arabique, couvrira à peine les frais de l’exploitation. Le hasard des éléments a prononcé entre eux. Mille influences étrangères, que la prudence humaine ne peut contrôler, ont d’ailleurs une action directe sur le prix de l’indigo : en première ligne, les affaires politiques de l’Europe et les révolutions dont, depuis tant d’années, le vieux monde se donne le luxe périodique. Une disette de grains en France ou en Angleterre suffit même pour amener une baisse dans les prix de la teinture. Enfin, pour présenter un résumé complet des écueils qui bordent de toutes parts cette industrie aux apparences si favorables, il faut dire quelques mots des conditions économiques dans lesquelles se trouve la majorité des fabriques. Presque tous les Européens qui abordent l’industrie de l’indigo ne possèdent aucuns capitaux à leurs débuts. La majorité des factoreries mar-