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LES ANGLAIS ET L’INDE.

Ce n’est pas toutefois sans difficultés que l’on est parvenu à établir le système de la nourriture prise en commun dans les geôles du pays, et cette réforme, lorsqu’elle fut mise pour la première fois en pratique, prit les proportions d’une question politique de la plus haute importance. Autrefois le gouvernement allouait à chaque prisonnier une somme de ana (0f137) par jour, sans se préoccuper autrement des détails de sa nourriture et de remploi de son temps. Lorsque l’exemple de la métropole conduisit le gouvernement de l’Inde à s’enquérir de l’organisation intérieure de ses établissements pénitentiaires, et que l’on voulut soumettre les détenus à un travail régulier, l’on ne tarda pas à découvrir les inconvénients d’un système d’alimentation destructeur de toute discipline, qui non-seulement permettait à certains détenus de faire des économies, mais encore leur assurait à tous la distraction, si agréable pour l’homme de l’Inde, de préparer son repas de ses mains. Acheter lui-même ses aliments, édifier avec mille précautions son petit feu, surveiller d’un œil amoureux les péripéties de la cuisson de son riz ou de son gruau, voilà quels soins remplissaient, à sa plus grande satisfaction, la journée du prisonnier, dont l’existence, comme celle du bouffon de l’opéra italien, se résumait à manger, boire et puis dormir ! Les premières réformes opérées dans les établissements

    ment d’enfants, etc. Dans ce total, 442 hommes et 83 femmes étaient frappés d’emprisonnement à vie.