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C’est la berceuse que murmure
Une mère à son premier né,
À la fragile créature
Que couve son œil étonné.

Humble refrain, petite phrase,
Gouttes d’un lait pur jaillissant,
Soupirs pleins d’ineffable extase
Au chef-d’œuvre fait de son sang.

Voix tremblant de pitié profonde
Et frémissant d’un saint orgueil…
Si l’enfant sourit à ce monde,
C’est qu’il trouve sa mère au seuil.

Mais je connais des mots infiniment plus tendres,
Des mots presque silencieux ;
Ils paraissent tomber sans bruit comme des cendres,
Et pourtant ils percent les cieux.

Faits d’un amour désespéré, d’ardentes larmes,
De vains désirs, de durs remords,
Ils s’envolent, profonds aveux, terribles charmes :
Ce sont les mots qu’on dit aux morts.

Tout ce qu’on leur taisait, ce qu’implorait peut-être
En vain leur pauvre cour de chair,
Tout ce que nous avons de meilleur en notre être
Pour ce qui nous est le plus cher ;

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