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V


Voyons d’abord les messages d’amour.

Où trouver sonnet plus chevaleresque, plus tendrement esmu que celuy que voicy, fait par Ron- sard, pour ta belle Hélène de Surgères ; c’est un chef-d’œuvre exquis qui caresse l’imagination et qui grise l’esprit de plaisir : on diroit d’une légende de vitrail moyen âge :

Mon page, Dieu to gard ! que fait nostre maistresse ? Tu m’apportes tousjours ou mon mal ou mon bien. Quand je te voy, je tremble et je ne suis plus mien, Tantost chaud d’un espoir, tantost froid de tristesse.

Çà, baille-moy la lettre, et pourtant ne me laisse ; Contemple bien mon front, par qui tu pourras bien Cognoistre, en le fronçant ou dëfronçant, combien Sa lettre me contente ou me donne de détresse.

Mon page, que ne suis-je aussy riche qu’un Roy ! Je feroy de porphyre un beau temple pour toy, Tu serois tout semblable à Ge Dieu des voyages.

Je peindrois une table où l’on verroit pourtraicts Nos sermens, nos accords, nos guerres et nos paix, Nos lettres, nos devis, tes tours et tes messages.

Veut-on une desclaration alambicqùée, métapho- rique, maniérée ? Jacques Gré vin, poëte clermontois, calviniste forcené, médecin à l’égal de Rabelais et