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pants de la femme, tu réapparaîtras longtemps comme un faible pantin dont elle joue à son plaisir ; qu’elle te séduise par la vanité, par la gloriole, par sa soumission, par sa beauté,rayonnante ou sa bonté caressante, qu’elle te prenne par l’esprit, par le cerveau, par les sens ou par le cœur, je verrai toujours cette grande prêtresse te dressant comme un hochet au bout de son bras levé, semblant porter écrit sur son front de sphinx : ubi mulier, ecce homo. — Homme ! mon frère, humilie-toi ! Là où cette fière Altesse a passé, elle s’est fait un piédestal de ton orgueil et de ta fatuité. Poète, littérateur, homme de génie, artistes amants de Polymnie, de Calliope, d’Euterpe ou de Thalie, Plutus amoureux du veau d’or ; guerriers, favoris des batailles ; ministres de la popularité, quelle que soit l’étoile qui brille sur votre tête, vous êtes tous attachés comme autant de marionnettes au porte-manteau de cette souveraine déesse, tous vous figurez sur les bas-reliefs de son autel, où Cupidon le fol agite la sinistre marotte des désillusions finales. — Gloire à la femme ! Gloire à cette grande égalitaire et à cette vengeresse des opprimés ! Sa mission est de niveler, de répartir l’or et le sang de ses amants dans la coupe du mal, où ceux-ci l’ont jadis fait boire, spéculant sur ses naïvetés ou sa misère ; tout se dissout dans ses mains ; elle égorge la sottise et éventre largement toutes les outrecuidances imbéciles, en rabaissant les vanités humaines.