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cambre avec fatuité, le vieillard s’y survit à lui-même. Il semble que tout y soit fait pour la femme et que cette magicienne soit Tunique moteur de cette grande usine bourdonnante des cerveaux. Leurs prétentions, leurs mines, leur coquetterie, leurs feintes, leurs artifices ne sont qu’un piment de plus pour l’ardeur de ceux qui se livrent à la merci de ces sirènes ; les vrais amoureux, comme les ma- rins, ne redoutent pas les grains et les tempêtes : Fluctuât nec mergitur est la devise de la Parisienne qui embarque les passions sur sa galère capitane.

« Une Parisienne — a-t-on écrit je ne sais où — est une adorable maîtresse, une épouse parfois im- possible, une amie parfaite. » — Maîtresse adorable, c’est surtout le terme de sa suprématie, car elle possède toutes les fringances, tous les caprices des bêtes de luxe, toutes les câlineries délicates, toutes les fantaisies enfantines qui provoquent la joie. Elle nous remet en perpétuelle sensation de jeunesse, car sa gaminerie bégayante se mutine à chaque instant et persiste au delà de l’âge. Une Parisienne de vingt- cinq ou trente ans, une fois lâchée en liberté à la campagne ou dans les fêtes rurales, sautera à la corde, jouera au volant, montera sur les chevaux de bois, franchira les ruisseaux, se tiendra en équilibre sur tous les ponts volants, dansera joyeusement dans les guinguettes, apportera partout son espièglerie, ses rires qui partent comme des fusées, sortira de