Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/314

Cette page n’a pas encore été corrigée

fumant des cigarettes sans trêve et humant de temps à autre un doigt de cognac. Les heures s’écoulaient dans cette dissertation physiologique et toute d’attraction passionnelle ; après s’être étiré longuement, comme pour secouer la torpeur de bien-être qui l’envahissait, il reprit en terminant sa harangue :

Note bien, très cher, que si j’aborde la Parisienne à notre point de vue de célibataire, mon panégyrisme s’élèvera à des hauteurs inconnues. Ici j’avouerai l’aimer peut-être plus encore pour ses défauts et ses jolis vices que pour ses qualités.

Ce sont ces aimables* filles d’enfer qui font le paradis de Paris ; au printemps, elles y éclosent comme des fleurs qui s’entr’ouvrent dans leurs toilettes fraîches et nouvellement conçues ; en hiver, emmitouflées dans les fourrures, frileuses et vaillantes, ce sont des oiseaux qui se hâtent vers leur nid et qui nous le font voir, en imagination, chaude- ment capitonné, fait pour les amours à deux, pour les tendres caresses, auprès du foyer qui pétille et jette ses lueurs vives sur les tentures de l’alcôve. — Pour nous autres, nulle ville ne nous donnera autant de sensations d’artistes et d’amoureux ; la rue à Paris devient le féerique Éden des désirs, des admirations, des aventures ; le cœur y bondit à chaque pas, les yeux s’y délectent, l’esprit y chante d’éternelles aubades, les sens y demeurent en éveil ; l’homme y palpite de la nuque au talon, le jouvenceau s’y