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n’est plus un mythe pour l’étranger qui veut savoir s’y prendre ; si les portes des sérails sont fermées, il est avec les tailleuses, modistes et tous les juifs du grand bazar d’honnêtes accommodements. Aussi, peu de seigneurs sont à l’abri de l’épithète de kerata que Karagheuz leur décerne et dont on trouve la traduction dans Molière. Beaucoup, le dirai-je, n’ignorent point cette infortune ; mais les gracieux sujets de Sa Hautesse ne peuvent toujours vêtir leurs favorites avec les toiles d’araignée qui tapissent leurs coffres et force leur est de jouer le rôle de mari d’une étoile avec une passivité tout orientale.

Je puis donc le dire sans fatuité et sans affecter des airs mystérieux et romanesques : les odalisques que j’ai auscultées ne m’ont guère procuré plus de liesses que les confitures à la rose, la chibouque ou le mastic prohibé par Mahomet. Je n’ai trouvé en elles que de singulières bêtes de somme cosmétiquées, plâtrées, fardées, vernissées, aux appas accablés, douces comme des enfants d’hospice, indifférentes comme le destin, propres comme… le hasard, soumises comme la brute. J’affirme qu’un Parisien délicat sur la matière périrait d’ennui dans le plus luxueux sérail de Scutari et qu’il se suiciderait au bout de vingt-quatre heures dans les splendeurs de Dolma Bayktché ou dans les délices de Beyler bey.

Les femmes turques ! mais .il faut les voir, les pauvresses, le vendredi, jour du sultan, aux Eaux