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que sous la Restauration. Vêtue de robes blanches simples, fraîches, légères et flottantes, ceinte d’un ruban de satin rose, bleu pâle ou lilas, elle donnait une idée de candeur, de virginité et de chasteté que n’ont certes plus les demoiselles de ce temps. Elle ignorait souvent ce qu’elle devait savoir, mais au moins ne savait-elle pas ce qu’elle devait ignorer ; elle portait alors de petits tabliers de soie à bretelles et connaissait l’art des petits jeux innocents ; elle rêvait au clair de lune sur les bancs de gazon, vaguement inquiétée d’amourettes inconscientes ; elle comprenait le langage des fleurs et leur symbole, jouait de la harpe avec méthode et chantait des romances langoureuses où l’oiseau parlait à la source, où le nuage rimait avec mirage, où enfin la civilité puérile et honnête était mise en musique avec accompagnement de cithare ou d’accordéon.

Ce fut bien le temps où la jeune fille se profila dans un décor approprié à sa douceur virginale, le temps où elle fut quelque chose au salon paternel, où on la rechercha, où elle fut comprise, où l’on sut éveiller peu à peu ses sensations nouvelles et délicates sans troubler en rien sa puberté songeuse. Elle grandit avec ses illusions, confiante dans la vie, ayant toutes les croyances au cœur, trop de croyances peut-être, car les premiers engagements avec la réalité devaient la meurtrir et en faire cette âme en peine que je peignais à l’instant.