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Aujourd’hui ces figurines de Merveilleuses, fixées par le burin, paraissent des caricatures ou des mascarades ; la vie n’y est pas, l’esprit du temps ne les soutient plus ; dans l’atmosphère de ce xixe siècle elles pâlissent par l’outrance même de leurs falbalas, et ces chapeaux de femmes garnis de rubans couleur de feu, ces toques à aigrette, ces bonnets à la paysanne ou à la folle ; ces turbans relevés de plumes, ces coiffures à la Minette ou ces chapeaux à la Primerose, liés d’une fanchon négligente, n’ont rien conservé, dans ces froides images, de la crânerie adorable qu’elles affectaient sur les chevelures blondes ou brunes, sur les perruques frisottantes de nos muscadines.

Une gravure du Messager des Dames nous renseigne peut-être, mais ne ressuscite rien, et je songe toujours avec délices aux jolis minois de fantaisie, aux yeux effrontés, aux nez mutins qui brillaient sous les cocardes, les rubans, les pompons, les paillettes, les panaches posés sur ces perruques ou sur les jolis cheveux ébouriffés. Ma parole suprême ! je ne connais point de palette assez diaprée de tonalités diverses pour peindre la cohue de femmes incomparables qui se poussaient chaque jour au Palais-Égalité ! — Minerve, Junon, Diane, Eucharis, Hébé, Calypso se montraient tour à tour en des toilettes vaporeuses qui moulaient la taille et permettaient de voir la beauté des bras, l’élégance des attaches et