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arriver sans autres préambules au point d’origine de mon récit dont la fin, on le verra, fut si palpitante et dramatique.

« Hérault de Séchelles présida la fête nationale qui fut célébrée le 10 août 1793 comme inauguration ou plutôt comme consécration de la république fran- çaise. Ce fut pour lui un jour mémorable, car il de- vint le véritable pontife de cette fête publique. On sait qu’il prit à diverses reprises la parole en cette grande journée, et l’histoire a pris soin de nous con- server ses paroles lorsque, arrivé aux pieds d’un bûcher, dressé sur la place de la Révolution et sur lequel avaient été jetés tous les hochets somptueux de la royauté, il s’écria de sa belle voix superbe- ment timbrée en s’adressant à la foule :

« Qu’ils périssent, ces signes honteux d’une servitude que les despotes affectaient de reproduire sous toutes les formes à nos regards ! Que la flamme les dévore ! Qu’il n’y ait plus d’immortel que les sentiments de la vertu qui les a effacés ! Hommes libres, peuples d’égaux, de frères, ne composez plus les images de votre grandeur que des attributs de vos travaux, de vos talents, de vos vertus ! Que la pique et le bonnet de la liberté, que la charrue et la gerbe de blé, que les emblèmes de tous les arts, par qui la société est enrichie, embellie, forment désormais toutes les décorations de la République ! Terre sainte, cou-