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mignon emprisonné dans la transparence d’un bas de soie à coins d’or ; le déshabillé devient plus volup- tueux, plus affaissé, tant est grande la fébrilité des gestes qui accentuent le babil interrompu et haché, les envolées de rire de la Caillette.

« C’est un cabinet à bonne fortune qu’un cabinet de toilette, remarque un fin observateur du siècle ; c’est là que la galanterie comme dans son trône reçoit les billets doux, les renvoie, introduit l’amour et le congédie, le caresse et le gronde, l’agace et l’arrête ; c’est là que le Marquis dispute avec le Che- valier de la conquête d’une jolie veuve ou de la di- vine Comtesse, et qu’on fait assaut de bel esprit. C’est là que des perroquets, des serins et des chiens se succèdent pour venir se faire admirer, baiser et lécher ; c’est là que des femmes de chambre toutes tremblantes sont renvoyées, rappelées et toujours grondées, et qu’un pauvre friseur, le peigne en l’air pendant deux heures, attend qu’une tête de girouette se fixe, pour pouvoir enfin faire une boucle à la dé- robée ; c’est là que deux sonnettes vont et viennent avec un carillon qui étourdit tout le monde, et qui se mêle avec mille reproches qu’on fait à un soupi- rant qui vient s’excuser ; c’est de là que cent com- missions, toutes à la fois et presque toujours con- traires les unes aux autres, partent pour aller mettre toute la livrée en campagne et la distribuer dans tous les quartiers de Paris, où l’on doit prendre l’af-