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vague, un charme mystérieux qui vient heureuse- ment esquilibrer nostre vie et la soutenir dans la désespérante monotonie de l’heure présente, grâce à ces deux puissances régénératrices : le souvenir troublant de la veille et la curiosité énigmatique du lendemain.

L’érudition puise une partie de son charme dans la vibration constante qu’elle donne à l’imagination, et le document précis, le tableau de mœurs d’autre- fois, la lettre qui esvoque un portraict de femme, l’historiette qui fait revivre un groupe d’individua- lités, la satire qui flagelle les sottises du temps ne doivent souvent l’inestimable plaisir qu’ils nous pro- curent qu’aux reliefs estranges, aux couleurs parti- culières que leur preste notre folle du logis, laquelle se complaist dans les perspectives lointaines et les mirages indécis du passé.

Si les alcôvistes et les ruelles n’existent plus, les salons et les cotteries précieuses subsistent encore, et vivront longtemps sous diverses formes, mais avec un mesme fond, en despit des resvolutions so- ciales et des variations de régime. Les Philaminte qui ayment à « tyraniser la conversation » en croyant revestir leurs pensées « d’expressions nobles et vigou- reuses^), les Gathos qui «confessent leur foible», les Madelon qui « s’establissent arbitres souverains des belles choses », les Bélise qui sont de coustume « en commodité d’estre visibles » et qui souspirent