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but de leurs nombreuses offrandes. C’est une divinité funeste et méchante : nul ne la place dans sa case. Ses temples et ses images sont toujours en dehors de la ville ou du moins en dehors des maisons, et dans les habitations l’on place même très souvent d’autres divinités uniquement chargées de lui en défendre l’entrée. Il est cependant fort en honneur : c’est à lui qu’on offre le plus de sacrifices.

« Ce soir, les noirs s’arrêtent longtemps devant le temple pour répéter leurs chants, leurs danses et leurs fusillades interminables.

« Puis, ils se rapprochent de nous et se rendent un peu au nord-est de notre maison, dans le grand bosquet où se trouvent les tombeaux des rois de Porto-Novo et des membres de la famille royale, et où par conséquent s’immolent de nombreuses victimes en leur honneur.

« Ce fut vers minuit que le cortège arriva dans ce bosquet : les chants et les sons de tam-tam redoublèrent aussitôt ; de temps en temps des voix aiguës et plaintives parvenaient à percer le bruit général ; puis à un instant de silence succédaient ordinairement de longs et épouvantables hourras. C’étaient les derniers moments de ces malheureux, leurs cris de désespoir et la joie diabolique des bourreaux.