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savent anthropophages et sur le compte desquels leurs possesseurs ont bien soin de leur raconter force histoires plus effrayantes les unes que les autres. A cinq heures, nous arrivons à la chute de Bôoué…[1] »

« 22 Juin. — Parti à sept heures. Nous entrons dans la région Okanda. Aussi tous les hommes sont en grande toilette et tirent force coups de fusils pour célébrer le retour. A mesure qu’une pirogue arrive devant son village et se détache de la flotille, les femmes accourent, sautent au cou de leurs maris, et leur administrent force tapes amicales sur les épaules : Chaamba ! Chaamba ![2] puis leur demandent immédiatement ce qu’ils apportent. Ceux qui ont des esclaves les montrent. Elles se précipitent sur eux, les palpent, les emmènent par leur corde quand ce sont des hommes ou des femmes, quand ce sont des enfants, les prennent dans leurs bras et les conduisent au village…

« Pendant mon séjour à Lopé, je vis arriver dans une cabane en ruine et abandonnée, une malheureuse dont le corps, envahi par une hor-

  1. La chute de Bôoué ou de Faré se trouve entre l’île Ogala et l’île Sombé, sur le cours de l’Ogôoué, entre Sengé-Sengé et Lopé.
  2. C’est l’expression de bienvenue que l’on s’adresse en se revoyant après une longue absence.