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un sentiment disparu


Une chose a passé, qui ne reviendra plus : la poésie de la mer. La sentimentalité suave que la mer évoquait a disparu devant l’activité de la vie actuelle, et ne comptent plus que comme un souvenir, déjà lointain et bien atténué, mais chaque individu de notre génération avait cette sentimentalité au fond de l’âme ; plus il vivait loin de l’eau salée, et plus il en faisait provision. Elle était aussi pénétrante, aussi ambiante que l’atmosphère elle-même. Devant ce seul mot : la mer, « la mer romanesque », vous voyiez, dans n’importe quelle réunion, tout le monde prendre des airs penchés et tomber dans la sensiblerie. La grande majorité avaient pour motif l’insaisissable mélancolie, et pour refrain des fioritures sur la mer. Dans les pique-nique en canot, en barbotant dans quelque petite crique, il était très bien porté de chanter, aux approches du crépuscule :