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donc l’arc de 45 degrés est incommensurable au rayon ; or, l’arc de 40 degrés est la huitième partie de la circonférence ; donc, etc. D’Alembert, à qui j’en ai parlé, n’avait pas connaissance de cette démonstration ; mais, sans doute, le mémoire de Lambert sera dans quelqu’un des volumes de L’Académie de Herlin, qui paraîtront incessamment, s’ils n’ont déjà paru. Ce Lambert est un géomètre dont tous les écrits, avant le temps où il est allé à Berlin, sont en hollandais, et qui, par conséquent, était peu connu. — Le patriarche de Ferney garde toujours le même silence avec L’abbé de l’Aage. Celui-ci, pour se venger, a lutté contre celui qu’il consultait, en traduisant de son côté les beaux vers : Nox erat et placidum, etc., IVe livre, v. 522.

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L’abbé de L’Aage a traduit le discours qui suit, ainsi que le beau discours dont le dernier mot est : pugnent ipsique nepoles. Cet abbé a traduit à peu près quatre cents vers de ce livre, et il lui en reste trois cents ; il trouve la tâche bien longue. Il s’est avisé aussi de traduire les fameux vers de Muret à Scaligcr, en vers semblables à ceux de l’original. Ce sont les premiers vers senaires qu’il ait faits. Ce genre de vers ne serait pas fort difficile.

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Vous deviez avoir eu, à la date de votre lettre, des nouvelles de la grande révolution arrivée dans notre gouvernement[1] ; les suites s’en développent à chaque courrier. Il est difficile de savoir comment tout cela finira. Le changement est fâcheux pour M. de Boisgelin. On a parlé d’une tracasserie qu’il avait eue avec M. de Felino, et dans laquelle on donne le tort à M. de Boisgelin ; je serais curieux de savoir ce que c’est. Je serais fâché qu’il fût brouillé avec M. de Felino, qui est considéré. D’ailleurs, M. de Boisgelin doit être sûr de trouver des juges malintentionnés ; ses liaisons avec l’ancien mi nistre seront un facteur commun par lequel tous ses torts quelconques seront multipliés. Si la lettre, par laquelle j’ai répondu à celle que vous m’avez écrite au mois de novembre, ne vous était pas parvenue, je vous prierais de me le mander.

Vous aurez appris par la gazette l’élection de M. Desmarets. Je ne sais où en est son travail sur les volcans d’Auvi rgne.

Adieu : vous connaissez tous mes sentiments pour vous. Mes compliments à M. de Boisgelin et à M. Melon.


Lettre IX. — Au même. (À Limoges, le 13 mars 1771.)

Je profite d’une occasion, mon cher Caillard, pour vous envoyer tout ce que j’ai fait de la Didon, puisque vous en êtes si curieux, mais c’est à condition : 1o que ce sera pour vous seul ; 2o que vous me renverrez cette copie, la seule que j’aie un peu au net. La voie de la poste est suffisamment sûre pour pareille chose.

Vous y trouverez, comme de raison, le morceau que je vous avais envoyé à Parme. Je suis très-sûr de la quantité du mot poursuivait, dont la seconde syllabe est non-seulement longue, mais très-longue, de celles que j’appelle traînées, en latin prolatæ. Quant à votre critique du mot tous, que vous regardez comme cheville, elle m’a surpris ; car ce tous me paraît nécessaire à

  1. La dissolution des parlements, par Maupeou.