Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/471

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blement, ou que les ouvriers n’aient travaillé avec nonchalance, la brigade, à la (in de chaque semaine, doit avoir gagné quelque chose de plus que la simple subsistance des travailleurs, et par conséquent plus que le montant des à-comptes qui lui ont été distribués. Alors, et sur le certificat de réception de la tâche, le conducteur fora payer au chef de la brigade ce qui lui sera dû en sus des à-comptes qu’il aura reçus. Le certificat du conducteur, sur lequel cette solde finale des tâches sera payée, contiendra le décompte de la tâche, ainsi qu’il sera expliqué aux paragraphes ci-après.

(29) Comme la brigade est composée d’hommes, de femmes et d’enfants, comme tous ceux qui la composent ont été nourris sur les à-comptes reçus pendant le cours du travail, et que la nourriture qu’ils ont consommée n’a point été proportionnée à l’ouvrage qu’ils ont fait, puisqu’il est notoire que les enfants mangent presque autant que les hommes faits, et travaillent beaucoup moins, il ne serait pas juste que l’excédant du prix qui se trouve à la fin de la tâche fût distribué par tête à tout ce qui compose la brigade indistinctement. Il est juste, au contraire, que les hommes et les femmes qui ont fait plus de travail à proportion de ce qu’ils ont consommé, aient seuls part à ce qui a été gagné au delà de la subsistance. En conséquence, tout cet excédant de prix qui se trouvera après la réception de la tâche, sera partagé par égales portions entre les hommes et femmes au-dessus de seize ans ; les enfants au-dessous de cet âge n’y auront aucune part. Cette disposition est d’autant plus équitable, que les enfants n’ont guère d’autre besoin que d’être nourris ; au lieu que les pères et mères sont chargés de l’entretien de toute la famille, et ont quelquefois de jeunes enfants hors d’état de travailler, et qu’ils doivent nourrir sur le prix de leur travail.

(30) Il est nécessaire ; que cet arrangement soit expliqué d’avance aux ouvriers, lorsqu’on distribuera la tâche à chaque brigade, et que le conducteur s’assure qu’ils l’entendent bien ; c’est le seul moyen de prévenir les discussions et les disputes qui ne manqueraient pas de survenir à la réception des tâches, lorsqu’il serait question de partager ce qui resterait du prix, la nourriture des ouvriers prélevée.

(31) Si quelques-uns refusaient de souscrire à cet arrangement ainsi expliqué, il faudrait les effacer de la liste, et les renvoyer des ateliers. On doit croire que ceux qui ne voudraient pas souscrire à une règle aussi juste, et qui assure leur subsistance, ont quelque moyen de vivre indépendamment des ateliers.

(32) Quoique le chef de la brigade participe comme les autres ouvriers au profit qu’a donné la tâche, il est juste, s’il se conduit bien, de lui donner en sus du prix de sa tâche quelque gratification, à raison de ses soins et des détails dans lesquels il est obligé d’entrer ; trois ou quatre sous, plus ou moins, suivant que la tâche sera plus ou moins forte et exigera plus de temps, paraissent devoir suffire. Mais cette gratification ne sera donnée qu’autant que le chef de brigade aura rempli ses fonctions d’une manière satisfaisante, en poussant le travail avec intelligence et activité, sans donner lieu à des plaintes fondées de la part des ouvriers qui lui seront subordonnés.

(33) Le certificat de réception de la tâche fera une mention expresse de la bonne conduite du chef, et du montant de la gratification, afin que le caissier puisse payer en conséquence.

(34) Le conducteur veillera soigneusement à ce que les chefs de brigade tiennent compte aux hommes et femmes qui la composent de ce qui leur